Dans la dernière maison à gauche en descendant l’Allée Fleurie Alexandre Guillou naît, le 24 juin 1885, . Il est le troisième enfant de Noël( tailleur de pierres) et Marie Yvonne Guélou. Ses deux frères, Noël et Jean Marie ont respectivement 7 et 3 ans.
Il ne va certainement pas bien longtemps à l’école, en supposant qu’il y ait déjà mis les pieds car sa fiche matricule militaire précise qu’il n’a pas d’instruction. C’est d’ailleurs très souvent le cas à l’époque.
En 1906, (inscrit maritime depuis 10 mois) il entre au “Dépôt des Équipages de la Flotte” comme matelot 3ème classe. Dès 1907 il est renvoyé dans ses foyers et rentre à l’île-Grande.
Le samedi 1er août 1914, en milieu d’après-midi, le tocsin alerte les populations qui découvrent cette affiche placardée par la gendarmerie.
Alexandre, comme tous les réservistes, doit rejoindre son corps d’armée. Il y arrive le 16 août.
Le 28 octobre 1914 , il est affecté au 93ème Régiment d’Infanterie.
Pendant cette terrible guerre, Alexandre est blessé plusieurs fois :
- le 13 juin 1915, à HÉBUTERNE (dans le Pas-de-Calais) par E.O. (éclat d’obus) et est évacué 2 jours après sur l’hôpital d’Amboise (très certainement d’ailleurs au célèbre château d’Amboise dont les pièces ont été transformées en salles communes pour blessés). Il est de retour aux armées un mois après
- le 13 octobre 1915, à TAHURE, blessé par balle, il est évacué sur l’hôpital de Paris puis de Corbeil et rentre au front 10 mois plus tard.
- le 2 avril 1917 il est à nouveau blessé à la Ferme des Bois de Mortier par E.O (éclat d’obus) et évacué en ambulance
- Quatre mois après, le 2 août 1917, un éclat d’obus lui atteint le dos (région sacro-lombaire).
NB – Pour trouver des renseignements sur armées et combattants de la Grande Guerre, ne manquez pas de visiter le “Site du Chtimiste”
Il est mis en congé illimité de démobilisation en 1919.
Au décès de ses parents, il occupe une “cabane de douanier” désaffectée et vit dans le plus grand dénuement.
Cette remarque a été ajoutée dans les commentaires par Alain S. “Comme beaucoup, j’ai connu Rothschild. A cette époque il avait un chien qui s’appelait Compagnon. C’était un chien noir et blanc, genre ratier qui le suivait partout et aussi sur la grève lorsqu’il allait chercher des bigorneaux/praires/palourdes pour les vendre chez Angèle Droumaguet (la commissionnaire et débit de tabac) en échange de quoi il rapportait de quoi étancher sa soif !“
Aujourd’hui, cette cabane en ruines ravive le souvenir d’Alexandre chez le promeneur averti qui ne manque pas d’avoir une affectueuse pensée pour lui !
Une pension permanente de 15 % lui est proposée, en 1935, en raison de son handicap (impotence du médius droit). Il doit percevoir la somme et les arriérés.
Alexandre est pauvre, sans ressource, mais refuse cette pension. C’est pour cette raison que les île-grandais, abasourdis, lui donnent le surnom de “Rothschild”
Une île-grandaise, Jeannine Le Loët, compose ce poème en 1996
Il avait les yeux clairs et doux
Le clochard de notre île
De son vrai nom Alexandre Le Guillou
Par dérision, nous l’appelions « Rothschild ».Il avait élu domicile près de la grève
Dans une ancienne cahute de douanier
Malgré le chaud, le froid, faisait-il de beaux rêves ?
Son grand amour : la liberté, nul ne peut le nier.A trois, ils partaient à la pêche :
Lui, sa chienne Margot et son chat
Margot filait comme une flèche,
Le chat pêchait par-ci, par-làTous les soirs, Alexandre faisait son marché,
Puis il rentrait chez lui, la journée achevée,
Vacillant sur ses jambes, le litron au panier,
Le sourire aux lèvres et un coup dans le nez.Nous l’appelions par dérision « Rothschild »
Ça n’était pas très méchant.
C’était le vagabond de notre île
Et nous n’étions que des enfants.Dans le pays, quel personnage !
La preuve : c’est que je m’en souviens.
Buriné par le vent, je revois son visage
Parmi tant d’autres… Pourquoi le sien ?…
Il a quitté définitivement son île et sa grève le 1er mars 1959 mais son souvenir reste gravé dans les cœurs île-grandais.
“La cabane à « Rothschild » en 1949 ou 1950″. Photo confiée par Eric Lecerf montrant au premier plan son oncle Yvon Le Poursot.
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Comme beaucoup, j’ai connu Rothschild. A cette époque il avait un chien qui s’appelait Compagnon. C’était un chien noir et blanc, genre ratier qui le suivait partout et aussi sur la grève lorsqu’il allait chercher des bigorneaux/praires/palourdes pour les vendre chez Angèle Droumaguet (la commissionnaire et débit de tabac) en échange de quoi il rapportait de quoi étancher sa soif !
Merci pour ces informations. J’aurai bien des questions à vous poser lors de votre prochain passage.