La Chapelle et la fontaine Saint Sauveur
En suivant les rivages de l’anse méridionale, on atteint bientôt, près de Rucornic, l’église Saint Sauveur paroisse de l’île. Elle est sur un ressaut de terrain au pied duquel coule une fontaine… ; coule est un mot peut-être exagéré, à peine un suintement d’eau. Mais la source a dû être plus forte autrefois ; on ne s’expliquerait pas autrement l’élégante clôture de granit, bordée intérieurement de bancs, qui entoure le petit bassin. Au-dessus de la source même, est une niche renfermant la statuette de saint Yves, en faïence. Cette fontaine, dédiée au Saint Sauveur est un lieu de pèlerinage, les mères viennent de fort loin y plonger leurs enfants pendant trois lundis de suite pour les faire marcher.
Nous ne sommes pas un lundi, aussi, la fontaine est abandonnée. Elle alimente plus bas un lavoir aux eaux prodigieusement sales, autour duquel les laveuses sont groupées.
L’église est une pauvre chapelle gothique avec des ex-voto nombreux. Elle renferme de curieuses statues et un Christ en bois, naïvement sculptés et bariolés, œuvres sans doute, des tailleurs de granit de l’île. Le sol est recouvert de grandes dalles funéraires. Au dehors, tout autour de la petite église dont la sacristie porte une inscription rongée laissant lire encore la date 1563, s’étend le cimetière rempli de grandes pierres tombales gravées.
Près de l’église, une vaste construction blanche entourée d’un jardin est l’habitation des douaniers ; le vent a retroussé les sables sur le rocher et formé au-dessus un bourrelet de dunes d’où la vue est complète sur ce paysage bouleversé des carrières. De cette pointe, appelée Creach-an-Lannic,
Extrait de Voyage en France « Îles françaises de la Manche et de la Bretagne péninsulaire » (Tome 5) Auteur HARDOUIN-DUMAZET – 1893-1899