Formation du granit(e) de l’île-Grande

Parcourir l’Île-Grande et tenter d’en lire ses paysages d’un point de vue géologique incite tout naturellement le promeneur à s’interroger sur ce granit (1)  dont la réputation n’est plus à faire.

(1)  Orthographié avec un « e » final par les géologues pour désigner la roche

Comment le granit (e) s’est-il formé ?

Il y a 4 milliards d’années naissait la terre.

Notre vieux Massif Armoricain (dont l’histoire a commencé il y a 2 milliards d’années) n’a cessé de subir des contraintes qui l’ont, peu à peu, transformé et modelé.

Il y a 300 millions d’années, dans notre région formée de hautes chaînes de montagnes, des poches souterraines de magma surchauffé cherchent à s’échapper du manteau terrestre…

(voir, ci-dessous, la carte de Barrière, 1976)

Parfois, le magma réussit à percer l’écorce terrestre et s’échappe lors d’éruptions volcaniques.

Mais, à 5 kilomètres de profondeur, il reste des chambres  où est emprisonné le magma. Celuici met plusieurs centaines de milliers d’années à voir sa température baisser…

granite cristauxCette longue attente permet la formation de cristaux… L’assemblage des cristaux donne un aspect de grain d’où le nom de granit.

Mais, il faut encore attendre la lente érosion de la chaîne hercynienne (2) pour que le granit apparaisse enfin.

Le granite est une roche qui se forme en profondeur dans la croûte terrestre, elle n’est donc pas visible au moment de sa formation : on dit que c’est une roche endogène. Seul un soulèvement (formation d’une chaîne de montagne suivie d’une érosion peuvent faire affleurer la roche et la rendre visible).

(2) Chaîne hercynienne : il y a plus de 380 millions d’années, une collision de plaques terrestres a fait surgir une immense montagne de 6 000 mètres d’altitude ; à la place de notre côte actuelle se trouvait une partie de ces montagnes.

Composition du granite

Il est composé de grains, généralement de petite taille, souvent visibles à l’œil nu (on dit qu’il a une “texture grenue“). Chaque grain est un minéral.

  • le quartz : c’est l’élément le plus dur du granite. Transparent et blanchâtre à l’état pur, il peut contenir des impuretés qui le colorent en rose, jaune, violet (améthyste). C’est de la silice.
  • Le mica : c’est un minéral foncé, brillant, qui se raye facilement ; il est tendre. Le mica est généralement transparent mais il peut être blanc ou noir dans le granite. Il contient du fer qui rouille en s’oxydant.
  • Le feldspath : c’est lui qui donne sa couleur au granit (blanc, rouge, bleuté, gris…). Les grains de forme géométrique sont durs et rayent l’acier.Les traces d’uranium du mica noir du granit(e) permettent de mesurer sa radioactivité et donc de dater la roche.

    Bien que le granite soit une roche dure et résistante, il finit, à la longue,  par s’altérer.

    Altération et érosion du granit(e)

    Des fissures se sont produites pendant son refroidissement mais également en raison des mouvements de l’écorce terrestre car, même si la roche est dure, elle n’est pas souple ! La roche s’est fendue verticalement et horizontalement mais sans éloigner les parties disjointes (diaclases).

    Puis le vent, le gel et le ruissellement ont petit à petit modifié la forme des roches granitiques .

    Les diaclases (fissures, fentes, fractures), permettent à l’eau* ou aux racines des plantes de pénétrer plus facilement à l’intérieur de la roche.

    * L’altération chimique du granite se fait principalement par l’eau qui agit de deux façons : soit par hydratation (addition d’eau à un composé sans modification chimique de celui-ci). Par exemple, l’eau peut se glisser entre les feuillets du mica, provoquer son gonflement et, petit à petit, désolidariser les grains de la roche) ; soit par hydrolyse (décomposition d’une substance sous l’action de l’eau).

 source du schéma  : http://eric.lacouture.free.fr/college/5eme/cours_5_ch8.htm

diaclases, arène granitique

Il en résulte :

du granit(e) altéré sous couvert végétal arène, granite altéré

chaos granitique

des chaos granitiques (grosses boules de plusieurs mètres, empilées les unes sur les autres, parfois en équilibre),

Sous les blocs, au bas des pentes, on peut observer des graviers (appelé chez nous “le péré“) et des sables : les arènes granitiques.

Le sable, emporté hors des arènes granitiques, se retrouve sur les plages de sable blanc ou jaune (le sable peut aussi se former par altération et érosion de n’importe quelle roche).

 

Place du granite de l’île-grande dans le massif granitique de Ploumanac’h

 Le massif granitique de Ploumanac’h  résulte de trois intrusions successives concentriques :

– une zone externe, la plus ancienne puisqu’elle a environ 300 millions d’années, composée de granit rose à gros grains et même, en certains endroits des granits à très gros grains de feldspath (de rose à rouge). Dans cette zone, on distingue le granite « de La Clarté-Ploumanach » et celui « des Traouiéro ».

– une zone intermédiaire autour, âgée d’environ 295 millions d’années, avec des granits plus gris ou légèrement roses, toujours à grains fins. Sur l’Île Agathon (Canton ou à Canton sur les cartes d’il ya quelques décennies), on en distingue une variante dite “granit Agathon” ou “granit Canton” un peu plus ocre ou rosé.

– une zone interne, la plus jeune, centrée sur l’Île Grande avec un granit blanc ou bleuté à grains fins qui a environ 290 millions d’années. Les spécialistes subdivisent cette zone interne en zone centrale (granit à biotite = mica noir, appelégranit bleu de l’Île Grande) et couronne (granit à deux micas noir et blanc appelégranit blanc de l’Île Grande).

intrusions

Cartographie précise du complexe de Ploumanac’h, Michel Barrière. 1976

Légende de la carte :

légende schéma

Source : Extraits du site de la « Société géologique et minéralogique de Bretagne »

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