L’îlot Dañvat

C’est celle que l’on nomme aujourd’hui l’île Mouton

« Mouton ? » Son nom est traduit du breton « Dañvat » ou « Davat » !

Voilà déjà bien des décennies qu’Enes Davat (ou Dañvat), séparée de sa grande sœur l’île d’Aval par le ruisseau de Kerhuel, a été adoptée par Trébeurden au grand dam des île-grandais.

Elle a la chance de nicher dans la partie paisible de l’estran, à proximité de la côte.

Quelques cartes la représentent. De 1774 à 1866, elle était dénommée DAVAT ! Les géographes l’ont diversement nommée selon les époques et l’on ne peut se fier qu’à une retranscription approximative de son nom (les lieux leur étaient rapportés phonétiquement par des étrangers à la région qui, le plus souvent, n’avaient aucune connaissance du breton).

Cliquez sur les images pour les agrandir.

Extrait cadastral de Trébeurden 1819  (Archives des Côtes d’Armor)

Carte d’état-Major (Géoportail)

1820-1866

Pourquoi « Davat » (Dañvat ou Mouton) ?

Peut-être à cause de ce conte breton du 19ème transformé par une grand-mère île-grandaise pour le rendre plus crédible aux yeux de ses petits enfants !

Il était une fois dix orphelins (une sœur et neuf frères) qui habitaient un vieux château, au milieu du bois de Lann Ar Waremm. C’est donc l’aînée, nommée Plezou, qui mena la maison d’une main de maître.

Alors qu’ils chassaient une biche, les jeunes garçons passèrent près d’une hutte tout en branchages entremêlés de mottes de terre. Ils y entrèrent, sous prétexte de demander de l’eau.

Une vieille femme aux cheveux rouges,

aux yeux maléfiques

et à la peau ridée et jaune  leur dit :

– Avancez, n’ayez pas peur ; j’aime beaucoup les enfants, surtout quand ils sont gentils et sages, comme vous.

– Nous voudrions un peu d’eau, s’il vous plaît, grand’mère, répondit Ronan, le plus âgé.

Elle leur offrit de l’eau fraîche et claire puisée le matin même dans le ruisseau de Kerhuel.

– A présent, mes enfants, il faudra me payer le petit service que je vous ai rendu.

– Nous vous apporterons de l‘argent à demain grand-mère (Ken arc’hoazh mam goz) répondit le garçon effrayé.

– Oh ! ce n’est pas de l’argent que je veux ! Je demande à Ronan de me prendre pour épouse. Réponds-don’ mon petit

– Il faut que je demande à ma sœur… et ils s’enfuirent à toutes jambes tout raconter à leur sœur.

 

Dès le lendemain, la vieille femme était au château. Elle trouva Plezou et ses frères dans le jardin.

– Vous savez, sans doute, pourquoi je viens dit-elle.

– Oui, répondit l’aînée, mon frère m’a tout raconté, mais je refuse votre demande.

– Comment ? Vous ne savez donc pas qui je suis, et ce dont je suis capable ? Revenez vite sur cette sotte résolution, pendant qu’il en est temps encore, ou malheur à vous ! cria la sorcière, furieuse, et les yeux brillants comme deux charbons ardents.

– Je ne change rien à ce que je viens de vous répondre.

Alors, l’horrible vieille tendit vers le château la baguette qu’elle tenait à la main, prononça une formule magique, et, dans un énorme vacarme, le château s’écroula, Puis, retournant la baguette vers les neuf frères saisis d’épouvante et agglutinés contre leur sœur, elle métamorphosa les frères en neuf moutons blancs.

–  Tu peux, à présent, aller garder tes moutons sur l’îlot près du ruisseau de Kerhuel… et elle partit, en ricanant.

Depuis, l’herbe de la petite île Mouton reste verte tout l’année pour que paisse sereinement le troupeau de moutons blancs.

Texte inspiré d’un Conte de Le Noac’h, de Gourin, 1874

Archipel de l’île-Grande

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